Les facteurs stressants dus à la détention ont une influence sur les patients. Il faut les étudier à la lumière du
« modèle de stress-vulnérabilité pour comprendre à la fois comment se développe la schizophrénie chez un individu,
mais également comprendre comment peuvent survenir les rechutes ou les périodes d’aggravation »,
explique Christophe Schmitt, psychiatre au centre hospitalier de Jury. Ce stress-vulnérabilité est à prendre en compte
en prison, car les conditions de détention en France sont très difficiles, notamment à cause d’une surpopulation carcérale.
L’enfermement, les relations complexes avec l’administration, la violence ou encore l’isolement sont des facteurs de stress. Tous ces éléments peuvent faire émerger de l’anxiété, des insomnies, de la tristesse, mais aussi un haut niveau de vulnérabilité et une présence plus forte de sujets à ultra haut risque (UHR) susceptibles de faire
une « transition psychotiques ».
Les actes auto-agressifs (ex : automutilations) sont plus fréquents en prison, environ 5 à 6% des hommes détenus passent
à l’acte contre 20% à 24% des femmes. Et le taux de récidive est important.
En prison, la présence permanente des surveillants, mais aussi le contrôle de la vie quotidienne, par la gestion
des mouvements ou l’organisation des contacts avec l’extérieur, peuvent faire émerger des idées délirantes de persécution. Le sentiment d’être observé en permanence combiné aux facteurs propres à la détention peut aboutir à les faire apparaître.
Par ailleurs, les personnes qui présentent des symptômes dits « négatifs » (baisse de motivation, perte d’intérêt, etc.)
sont moins prises en charge, car elles sont plus difficiles à détecter. A la fois par manque de sollicitation du malade,
mais aussi à cause d’un non-signalement auprès des instances médicales.